Né à Paris en 1957, Philippe Schoeller est l’un des compositeurs les plus importants de sa génération et des plus joués à travers le monde. Ayant reçu une formation musicale complète, il a étudié également la philosophie et la musicologie à l’Université de la Sorbonne. Suivant les cours de Pierre Boulez au Collège de France et de Franco Donatoni au CNSMD de Paris, il a en outre effectué des stages en informatique musicale à l’IRCAM, et entrepris des recherches importantes en synthèse sonore. Ses rencontres avec Henri Dutilleux, Elliott Carter et Helmut Lachenmann ont par ailleurs été décisives dans sa formation de compositeur. Son catalogue comprend plus de 160 œuvres jouées par d’importants orchestres et ensembles parmi lesquels le Birmingham Symphony Orchestra, le SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, le Radio-Sinfonieorchester Stuttgart, l’Ensemble intercontemporain, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg et les deux orchestres de Radio France. Parmi les chefs d’orchestre qui défendent sa musique figurent Myung-Whun Chung, Matthias Pintscher, Marek Janowski, Jukka-Pekka Saraste, Peter Rundel, Peter Eötvös, Pascal Rophé et David Robertson ; Pierre-Laurent Aimard, Barbara Hannigan, Jean-Guihen Queyras, Alexandre Tharaud comptent quant à eux parmi les interprètes qui créent ses œuvres éditées par Schott Music, Durand Universal et les Éditions Musicales Artchipel. Composant pour le grand écran, Philippe Schoeller s’est vu confier en 2007, par l’Auditorium du Louvre, la composition du film muet Dura Lex de Lev Koulechov. Il a également composé les musiques de Versailles (2008) et L’Exercice de l’État (nominé aux Césars 2012 pour la meilleure musique de film) et celle d’Un peuple et son roi (2018) du célèbre réalisateur Pierre Schoeller. Par ailleurs une œuvre très importante, J’accuse, chef-d’œuvre muet d’Abel Gance (1919) a fait l’objet de cinq ciné-concerts proposés dans les salles les plus prestigieuses d’Europe, avec une partition originale pour grand orchestre, électronique et chœur virtuel de plus de trois heures -“symphonie visuelle” – composée en 2014. Une autre étape importante dans son parcours de créateur a été la création, en juin 2017, d’Hermès V par l’Ensemble intercontemporain sous la direction de Matthias Pintscher à la Pierre Boulez Saal de Berlin et au Southbank Centre à Londres.
Rayonnant d’une force énergique qui allie pensée moderne, inspiration romantique et richesse instrumentale, la musique de Schoeller peut être associée à des termes tels que couleur, transparence, subtilité, mais aussi souplesse, mouvement, lumière et forme organique. Ses Songs from Esstal I, II, III, créées en juin 2013 par Barbara Hannigan et l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Jukka-Pekka Saraste ont ainsi été qualifiées par la presse de “nouveau lyrisme” en musique. Très expressive et parfois vertigineuse dans sa dynamique intérieure, sa musique s’inspire souvent de la mythologie ancienne comme du romantisme allemand, et plus globalement d’une relation singulière et intense à tout ce que Goethe nommait la Nature et son énergie/mouvement. De la “symphonie visuelle” au “nouveau lyrisme”, le compositeur envisage aujourd’hui d’élaborer une vision nouvelle du concept d’Opéra.
Philippe Schoeller a reçu au cours de sa carrière de très nombreuses récompenses et distinctions : nommé Chevalier des Arts et des Lettres en janvier 2021, il a reçu en 2018 le Prix de composition Florent Schmitt décerné par l’Académie des Beaux-Arts et le Grand Prix Sacem de la musique symphonique – il avait précédemment reçu en 2009 le Prix Sacem de la meilleure création contemporaine instrumentale -, en plus de deux Prix “Coup de cœur” décernés par l’Académie du disque Charles Cros pour son concerto pour violoncelle The Eyes of The Wind enregistré avec l’Orchestre Philharmonique de Radio-France et Jean-Guihen Queyras, sous la direction d’Alexandre Briger (Harmonia Mundi), et pour le CD Voix intérieures, cycle de musique de chambre interprété par l’ensemble Alternances.
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