Dang Thai Son se cache derrière la moitié des lauréats des derniers concours Chopin, dont il a été en 1980 le premier vainqueur asiatique. Né au Vietnam, il commence à étudier le piano avec sa mère, illustre pédagogue et cofondatrice de l’Académie nationale de musique du Vietnam. Il a 7 ans lorsque la guerre éclate. Sa famille est alors évacuée à la campagne, où il travaille avec acharnement sur des pianos délabrés, dans des abris antiaériens et sous une pluie de bombes, mais en admirant aussi le clair de lune… “pas quelque chose dont on peut bénéficier en ville !”, s’exclame-t-il, trouvant dans ces moments la source de son émotion pianistique. À l’âge de 15 ans, un an après la fin de la guerre, il fait la rencontre du pianiste russe Isaac Katz venu donner des master classes à Hanoï. Le Maître lui propose de parfaire sa formation à Moscou où il s’établit en 1977, ne parlant pas un mot de russe. Au Conservatoire, il travaille avec Dmitri Bashkirov et Vladimir Natanson, qui lui enseigne Chopin et le répertoire romantique. À 22 ans, il se présente aux auditions de sélection du Conservatoire pour le Concours Chopin ; miracle : il est admis à participer ! Dang Thai Son se rend alors à Varsovie, où il remporte l’éminente compétition avec tous les Prix spéciaux. C’est alors le début d’une carrière internationale : il se produit avec tous les grands orchestres d’Europe, jouant sous la direction de Sir Neville Marriner, Vladimir Ashkenazy, Pinchas Zukerman, Mariss Jansons, Paavo Järvi, Ivan Fisher ou Frans Bruggen. Partenaire en musique de chambre de Yo-Yo Ma, Mstislav Rostropovich et Pinchas Zukerman, il consacre une grande partie de son temps également à l’enseignement au New England Conservatory, et au Conservatoire Oberlin de Montréal. En près d’un siècle d’existence du Concours Chopin, il est le seul lauréat à avoir guidé un disciple vers la victoire : Bruce Liu, dernier 1er Prix en 2021. Avec ses élèves, il travaille sur une meilleure compréhension de l’âme et de la culture européenne, de ses références, mais aussi du sens et des émotions derrière chaque phrase musicale. Il ne faut cependant pas imaginer l’enseignement de Dang Thai Son comme une machine de guerre “chopiniste” ; il n’a d’ailleurs avec Bruce Liu abordé Chopin qu’à la toute fin de ses études, après avoir beaucoup travaillé le répertoire russe et la musique française, dont il est un interprète de référence. Attendu au Théâtre des Champs-Élysées en janvier 2025, il se produira aussi à Nantes (Le classiC’est fffou), à Piano à Lyon, à Aix-en-Provence et Genève dans le cadre de deux cartes blanches avec ses élèves.
©Isadora Vitti